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Gaz hilarant

Le protoxyde d’azote (N2O), communément appelé « gaz hilarant » ou « proto » est une substance gazeuse qui est utilisée dans différents domaines. En médecine, cette substance est utilisée comme antalgique ou anesthésiant, dans le monde du tuning automobile comme comburant afin d’accroitre la puissance des moteurs, et dans le domaine culinaire en tant que gaz de compression/propulsion notamment dans les siphons de cuisine (p. ex. siphon pour crème chantilly). Ce gaz est incolore et légèrement sucré au goût et à l’odeur. Il provoque un effet psychoactif intense de courte durée.

Depuis les années 1990, en Europe, le protoxyde d’azote fait l’objet d’usage détourné régulier à des fins de consommation récréative. Ces dernières années, la consommation de gaz hilarant chez les jeunes a inquiété les pouvoirs publics de différents pays et a mené à l’interdiction de sa consommation ainsi que de sa vente.

En Suisse, le protoxyde d’azote est disponible en vente libre dans les supermarchés (cartouches pour siphon de cuisine) et via des boutiques en ligne (bouteilles jetables). Le contenu de la cartouche ou de la bouteille est transféré dans un ballon de baudruche puis inhalé directement depuis le ballon.

Effets du gaz hilarant

Les effets lors de la consommation de protoxyde d’azote peuvent être la détente, l’euphorie, des rires incontrôlés, la distorsion visuelle et auditive, une sensation d’ébriété et de chaleur, la perte de la notion du temps et de l’espace, des picotements dans tout le corps, l’atténuation de la douleur (effet analgésique) et une voix plus grave. Certains consommateur∙rice∙s font état d'un effet d'expansion de la conscience. Le souvenir de l’expérience s’estompe très rapidement.

Les effets du protoxyde d’azote sont très brefs et débutent quelques secondes après l’inhalation (env. 30 secondes) et durent jusqu’à 4 minutes environ. Le protoxyde d’azote n’est pas détectable dans le sang et est entièrement éliminé de l’organisme environ une heure après la consommation.

Une dépendance physique n'est pas connue. Chez les consommateur∙rice∙s chroniques, une dépendance psychique prononcée peut toutefois apparaître, ce qui peut entraîner une augmentation considérable des doses liée au phénomène d’accoutumance.

Conséquences de la consommation de gaz hilarant

Les conséquences de la consommation de gaz hilarant sur la santé sont liées tant au mode ou à la fréquence de consommation qu’aux propriétés du produit. Il existe des risques pour la santé physique et psychique.

Le mode de consommation peut mener à des engelures de la bouche et du larynx ou encore à une perte de connaissance lié à une hypoxie.

Parmi les risques physiologiques, on trouve : des neuropathies périphériques (sensation de brûlures, engourdissements, picotements dans les extrémités) , un œdème pulmonaire, une chute de la tension artérielle, des ballonnements, des troubles du rythme cardiaque, des lésions cérébrales et organiques, des céphalées, une carence en vitamine B12, la perte de l’audition, des dommages au foie et aux reins, le cancer de la peau, des états d’épuisement et le décès par arrêt des fonctions respiratoires.

Les effets psychoactifs liés à la consommation de gaz hilarant peuvent mener à une chute, un accident ou des mauvaises manœuvres liés à un trouble de l’équilibre. La personne qui consomme peut également être prise de nausées et de vomissements ou encore d’états dépressifs de courte durée.

Finalement, la consommation chronique de gaz hilarant peut mener à une diminution de la fertilité (réversible) chez les femmes et des risques d’avortement involontaire, des dommages possibles dans la moelle épinière et dans les nerfs périphériques, une perte de concentration ou de mémoire liés à la destruction définitive de cellules cérébrales, des troubles de l’appareil locomoteur et des engourdissements des membres (paresthésies) : le gaz hilarant interfère avec le mécanisme d’action de la vitamine B12 participant au bon fonctionnement du système nerveux. Enfin, une dépendance psychique prononcée et le craving (envie irrépressible d’en reconsommer) peuvent faire leur apparition.

Aide, consultation et traitement pour les questions autour du gaz hilarant

Il existe de nombreuses ressources pour les personnes concernées, leurs proches et les personnes intéressées par les problématiques d’addiction. Par ailleurs, diverses offres de consultation sur place et en ligne sont disponibles dans toutes les régions de Suisse. Souvent gratuits, les services de consultation dans les addictions proposent des rendez‑vous. Les spécialistes rencontré·e·s sont tenu∙e∙s au secret professionnel.

Aide sur place

Sur indexaddictions.ch, la base de données d’Infodrog, vous trouverez des services d’aide sur place dans toute la Suisse (p. ex. centre de consultation, institution résidentielle, groupe d’entraide, etc.).

Consultation en ligne

Consultation en ligne gratuite et anonyme sur les questions d’addiction destinée aux personnes concernées, à leurs proches, aux professionnel·le·s et à toute personne intéressée.

Prévention dans le domaine du gaz hilarant

Les mesures préventives visent à empêcher ou à retarder l'entrée dans la consommation. Parallèlement, la prévention a pour objectif de permettre une utilisation responsable et contrôlée des substances psychoactives. Les mesures courantes consistent à fournir des informations spécifiques aux groupes cibles sur les risques liés à la consommation et à dépister précocement les formes de consommation problématiques.

Réduction des risques lors de la consommation de gaz hilarant

La réduction des risques a pour objectif de minimiser les conséquences négatives de la consommation de substances psychoactives pour les personnes concernées et la société.

La fiche d’information d’Infodrog sur le gaz hilarant propose des informations sur les effets, les risques et transmet des messages de réduction des risques concernant la consommation de gaz hilarant:

Aide sur place

Sur indexaddictions.ch, la base de données d’Infodrog, vous trouverez des services d’aide sur place dans toute la Suisse (p. ex. centre de consultation, institution résidentielle, groupe d’entraide, etc.).

Praticien Addiction Suisse

Informations pour les professionnel·le·s

Drugs – Just Say Know

Réglementation et application de la loi en matière de gaz hilarant

En Suisse, le protoxyde d’azote n’est pas soumis à la LStup, mais à différentes réglementations en fonction de l’usage prévu. Dans le cadre médical, celui-ci est régulé par la loi sur les produits thérapeutiques (LPTh ; RS 812.21) et sa commercialisation est soumise à une autorisation de mise sur le marché fournie par swissmedic.

Lors d’usage alimentaire (p.ex. cartouche pour siphon à crème chantilly), il est soumis aux dispositions de la Loi sur les denrées alimentaires (LDAl), les autres domaines d'utilisation (commercialisation, vente) relèvent des dispositions de la Loi sur les produits chimiques (LChim) et de l'ordonnance sur les produits chimiques (OChim), qui se réfère au règlement CLP de l'UE (UE-CLP), notamment en ce qui concerne l'étiquetage, l'emballage et la classification du produit.

Le respect de la LChim et de l'OChim est contrôlé par les autorités cantonales d'exécution. En cas d'infraction, l'autorité cantonale prend les mesures nécessaires. Toute personne physique ou morale ne respectant pas la LChim, ses dispositions concernant la publicité des substances dangereuses ou manquant d’informer les consommateur·rice·s des dangers encourus peut être sanctionnée d’une amende ou de l’emprisonnement.

En 2024, le Tribunal fédéral a confirmé la décision du Tribunal administratif de Bâle-Ville concernant l’interdiction de la vente ou de la remise de protoxyde d’azote pour inhalation dans le cadre d’une consommation récréative. D’autres villes en Suisse pourraient suivre la décision du Tribunal fédéral et l’appliquer en interdisant la vente, la remise et la consommation de gaz hilarant à des fins récréatives.

Chiffres sur la consommation de gaz hilarant

Informations supplémentaires pour les professionnel·le·s

Praticien Addiction Suisse

Informations médicales pour les médecins de premiers recours et d’autres groupes professionnels fournissant des soins médicaux de base

Plateforme d’information pour la prévention au cabinet médical

Porté par plusieurs organisations, dont la FMH, « PEPra » est un projet visant à encourager la prévention et la détection précoce en matière de maladies non transmissibles, d'addictions et de problèmes de santé mentale dans le cadre de la médecine ambulatoire de premier recours.

Actualités – Gaz hilarant

The Conversation: Gaz hilarant en France

Dans cet article de The Conversation, l'auteur revient sur les usages du protoxyde d'azote, son histoire, le profil des consommateurs et consommatrices, les risques et les effets d'une consommation en dehors d'un cadre purement médical ainsi que sa régulation ans divers pays européens. Pour terminer, l'auteur revient sur les effets écologiques du gaz hilarant, rappelant que c'est un puissant gaz à effet de serre.

Infodrog publie un nouveau dossier sur le gaz hilarant

Infodrog a publié un nouveau dossier sur le gaz hilarant. Le gaz hilarant est de plus en plus souvent consommé par des jeunes en Suisse afin d'en ressentir les effets psychoactifs. Cette consommation peut avoir de graves conséquences sur leur santé. De nombreuses informations sur les effets et les risques sont disponible dans notre dossier.

Fribourg: cartouche de gaz hilarant dans les endroits fréquentés par des jeunes

Dans le canton de Fribourg, la police a trouvé dans plusieurs endroits fréquentés par des jeunes des cartouches de protoxyde d'azote (gaz hilarant). La consommation de gaz hilarant comporte toujours des risques. Infodrog a mis récemment à jour la fiche d'information sur cette substance. Celle-ci transmet des informations sur les effets, les risques et les messages de réduction des risques qui peuvent être transmis aux consommateurs et consommatrices.

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Infodrog

Centrale nationale de coordination
des addictions

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3007 Berne

+41 (0)31 376 04 01